Irlande – Episode 2 : côte Ouest – de Bantry à Doolin en passant par Killarney

Après un premier episode marqué par la decouverte des côtes irlandaise (dans tous les sens du terme), cette fois-ci c’est vent dans le dos, pluie dans la figure et musique dans les oreilles. Bienvenue dans le county Clare.

Après le réconfort des deux jours passés chez Markus, un peu d’effort. En effet, notre halte est située au pied d’un long col permettant de passer dans la vallée suivante au Nord (et oui maintenant on fait cap au nord). Markus nous accompagne le premier kilomètre pour nous filmer. Visiblement il n’a pas de materiel ni le physique suffisant pour nous suivre plus longtemps… Nous nous quittons donc sur la route, super contents d’avoir fait sa connaissance.

La montée se poursuit paisiblement sur une douzaine de kilomètres.

Midi sonne au col, quelle coïncidence.. le porridge et les œufs du matin sont déjà bien digérés, nous rechargeons donc les mollets avec des pates, sous le regard attentif des moutons.

La végétation nous apprend que seuls les cailloux sont des zones sèches ici. Peut-être que des conservatoires font des inventaires de zone sèche pour leur préservation ?La fin de la montée est ponctuée d’arrets photos car Daphné est interloquée de trouver de la grassette et de la drosera juste au bord de la route ! Dans le talus !

Qui dit montée, dit descente et pendant 15km aussi. Nous faisons la course avec les moutons.

La digestion et le vent ne permettent pas de se réchauffer mais nous nous régalons jusqu’à Kenmare, l’objectif du jour.

Tous les espaces verts sont consacrés au golf.

En grands organisateurs que nous sommes, nous priorisons les besoins du soir : de l’eau, du pain, un lieu de bivouac. Bilan : on va direct dans un pub boire une Guinness et du cidre. La pluie nous rattrape et rend un stade de football tout à fait paradisiaque pour passer la nuit.

Pour aller jusqu’au parc national de Killarney, Markus nous avait averti : il y a deux chaînes de montagnes à passer. Ok donc il en reste une. Pour cela nous avons le choix : la nationale directe et qui monte pas trop ou une mini route tout son contraire. Je vous laisse deviner notre préférence. On attaque donc la montée annoncée longue mais continue par le GPS. On pique-nique au bord d’un lac en gardant les ponchos.La descente de la veille nous a appris à nous mettre au sec et au chaud donc nous profitons d’une accalmie pour se changer. Nous nous lançons dans la Black Valley qui est franchement plus claire que la vallée d’où nous venons. Le GPS se réactualise et nous annonce une deuxième montée pour atteindre le Gap de Dunloe, un sublime détroit serpentant entre les plus hauts sommet de l’île (1000m tout de même).

Les ponchos se transforment en voile de tractage facilitant les derniers lacets.
La descente nous mène à l’entrée du parc de Killarney dans un camping avec cuisine toute équipée et surtout une salle de séchage pour nos affaires bien trempées.

Le lendemain gros programme : nous faisons les courses et changeons de camping pour un autre à 10km juste en face des lacs du parc.

Le camping est voisin du centre des congrès et nous rigolons bien en voyant qu’il organise ce week-end le festival de la moto. Nous rigolons un peu plus jaune quand le camping passe de désert à couvert de cuir, de moustaches, de tatouages, bref de bikers. Daphné tente un échange de biclous en vain.

Cherchez l’intrus

Journée de repos donc, avec les ingrédients magiques : sieste, pizza et bière.

Le lendemain nous traversons quand même la route pour faire le tour du lac sous la pluie dans le Killarney National Park.

Une dernière nuit à killarney et fini les jolis coins et les routes tortueuses, on part plein nord pour rejoindre les Cliff of Moher à 180km avec un traversier pour passer le fleuve Shannon. Le vent du sud nous offre des étapes de 50km avec une pointe à 47km/h et nous arrivons à proximité en 4 jours dans le village de Doolin réputé pour l’ambiance musicale de ses pubs.

En traçant l’itinéraire sur la carte de l’Irlande, on a enfin l’impression d’avancer.

Nous sommes maintenant dans le county Clare, avec le county Galway, le plus réputé pour la musique et la dance traditionnelle irlandaise.

Daphné découvre cette fameuse ambiance à Miltown Malbay, en poussant la porte d’un pub où elle avait vu rentrer un musicien avec ses instruments. Et là c’est du rustique : le pub doit faire 30m2, pleins d’hommes qui boivent une guiness au bar et 4 musiciens sont attablés au fond. Une table en face d’eux est libre. Je m’installe donc et écoute cette superbe musique entrainante et tourbillonante. Le pub se rempli peu à peu, et la population se diversifie, les jeunes et les femmes arrivent aussi. Les musiciens et leurs instruments se succedent au fil de la soirée. Je partage donc petit à petit ma table avec 2 frères irlandais d’une soixantaine d’années et un couple d’anglais en vacances (mais d’origine irlandaise me précise la dame). La discussion s’engage avec les 2 frères qui font aussi du vélo. L’un d’eux me donne tous les conseils pour profiter de la région : comment trouver une session danse, que manger au restau, par quelle route passer, …etc. et puis on parle de la vie en général, de tout et de rien. Je rentre à la tente (plantée sur le parking de l’eglise) enchantée par la musique, les rencontres, et la bière. Whahou !

Mardi, nous avions prévu d’aller voir les Cliffs of moher, mais il pleut. Nous traçons donc directement à Doolin où nous trouvons une auberge de jeunesse avec un bout de pelouse. Royal, on plante la tente et nous passons le repas et l’aprèm bien au chaud dans le salon près du poêle.
Mercredi, le beau temps est revenu. On a bien fait de reporter la marche le long des falaises à ce jour. Le bus nous emmène à l’extrémité sud et il nous reste juste à remonter les 15km de chemin dont 8 en haut des falaises (à pieds cette fois). La vue d’ensemble est encore plus impressionnante que la hauteur (200m au plus haut).

Où est Daphné ?

Fait encore plus impressionnant dans son domaine : l’arrivée sur l’entrée principale avec les milliers de touristes et les voitures et bus associés. Ça nous rassure de ne jamais rien faire comme les autres et que souvent ça en vaut largement la peine.

Nous fuyons pour retrouver une partie moins fréquentée puis l’auberge.

Juste le temps de se réchauffer auprès du poêle à tourbe que nous repartons pour une nouvelle ballade même si on en a plein les pattes : 500m jusqu’au pub du coin. La journée ventée et une bonne pinte auront raison de nous avant la première note de musique…

Malgré la bière et une grasse matinée jusqu’à 9h, de nouvelles courbatures apparaissent. Il est grand temps de se poser un peu. De plus, l’ambiance est top, la cuisine immense, le tout pour un tarif raisonable donc on prolonge de 2 nuits au camping-auberge.

Nous levons enfin la tête des guidons, des lessives et des cartes pour faire une vraie sieste et réfléchir à notre projet.

Nous regardons défiler les touristes pressés par leur planning ultra serré et nous savourons enfin le luxe d’avoir le temps, même le temps de rien faire ou de remettre au lendemain des activités. Cela permet d’apprécier chaque chose au bon moment quittes à attendre que les meilleures conditions soient réunies : la météo, mais surtout la volonté physique et mentale. Après deux mois de vélo c’est notre première pause pour nous, nous ne sommes pas gênés de rester trop longtemps comme nous pourrions l’être chez quelqu’un. Nous l’avions repoussé de Roscoff à Cork puis étapes après étapes. La tentation d’avancer tous les jours est grande. La fatigue commencait bien à se faire sentir tant sur le plan physique que mental. Petites douleurs par-ci par là et surtout Daphné qui se bloque le dos pendant une journée donne le signal d’alerte de niveau supérieur. Préparer une nouvelle journée chaque jour n’est pas de tout repos intellectuel. Installer et plier tout le camp est aussi une astreinte quotidienne assez conséquente. Mais dans quel but aller si vite ? Rentrer au plus tôt ? Enchainer les sites touristiques ? De toutes facons, nous ne pourrons jamais tout voir. Ce tour d’Europe nous apprend aussi à choisir ce qu’on veut vraiment et à jongler entre les échelles : quand on a la tête dans le guide de l’irlande on a envie de tout voir, puis on dé-zoom et on pense aussi aux autres pays que nous aimerions autant explorer pendant ce voyage. Nous avions choisi le vélo pour sa plus grande mobilité que la marche mais pas pour en faire une course. Les novices que nous sommes vont apprendre à s’ecouter et à passer du temps là où nous nous sentons bien et à ne pas se forcer à rester à tout prix sur nos vélos dans les zones qui nous plaisent moins.

Nous venons de passer le cap des 2000km. Les étapes se succèdent pour aligner les km sur le compteur, les paysages dans les mirettes et les rencontres dans nos coeurs. Nous allons devoir trouver l’équilibre entre notre soif d’aller toujours plus loin, le besoin de vivre l’instant présent à fond sans trop penser à l’avant ou à l’apres, tout cela en respectant nos corps, car c’est bien grace à eux que nous avancons, et nos envies profondes car nous sommes trois êtres humains avec nos caractères, nos envies et nos besoins propres…
Nous profitons de cette pause bien méritée pour réfléchir à tout ça et regarder les 10 mois à venir pour donner du temps à l’imprévu. Les soirées musicales et ce petit havre paisible nous aide bien.

Sur cette petite note philosophique, à la votre et à la prochaine !

5 réflexions sur « Irlande – Episode 2 : côte Ouest – de Bantry à Doolin en passant par Killarney »

  1. Bravo prenez le temps cool cool bisous.

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  2. C’est sûr que le plus difficile est d’arriver à changer l’échelle de temps, se détacher des habitudes d’aller au plus vite, au plus loin, et à juste prendre le temps de vivre l’instant présent. Il nous avait fallu 3 mois pour s’en approcher ! En tous cas c’est toujours autant un plaisir de vous lire. J’étais inquiète de ne pas avoir vu une goutte de pluie avant, j’imagine que les rayons de soleil en sont d’autant plus appréciés 🙂 Continuez à nous faire rire, sourire et surtout voyager !

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  3. Catherine Krupezack 18 juin 2019 — 7 h 51 min

    Bouh je lis mon retard d’épisodes à rebours.. vous êtes beaux, tout est beau.. mais nous bien au sec bien sûr. Hum méditation près du vide .. biberon-bière, cool.. Ca court vite un mouton ?

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  4. Je reprend le file de votre périple. Top ! Profitez à fond. Bizs

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  5. Super votre traverséee de l’Irlande, ça me donne trop envie d’y aller!!
    Allez, pédalez-bien…
    Bises

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